Victoria amazonica

ECOLE TINH VO DAO

Présentation

La Maître Hô Hoa Huê

C’est grâce à Maître Chau Phan Toan que j’ai rencontré pour la première fois la Maître Hô Hoa Huê qui, en 2001 était venue en France pour donner des stages et faire connaître son école et son style nommée Tinh Vo Dao (la Voie de l’art martial du Mental). Cette rencontre m’a profondément marqué et en juillet 2002 je me suis rendu au Vietnam, à Saigon pour m’entraîner durant un mois au Vo Duong de la Maître. Depuis cette date, notre club du Lotus – Charenton a adopté le style Tinh Vo Dao avec l’accord de la Maître.

Déjà une dizaine de membres de notre école s’est rendu à Saigon pour suivre l’enseignement de la Maître et nous rapporter son précieux enseignement qui repose sur des quyens tels que le Tay son Kim phap, le ngo bo sa, le Lao Mai quyen, les 8 pièces de brocard (Chi Kong) etc. Permettez moi de vous présenter cette grande experte martiale qui est aussi une femme de cœur, dont la vie a été marquée par les événements historiques de la seconde moitié du XXème siècle.

En août 1944, la mère de la Maître est une patriote et une résistante qui pour se cacher de l’occupant japonais, doit vivre dans les régions marécageuses de My Tho (à soixante dix kilomètres au sud de Saigon), elle était alors enceinte de 7 mois. Le 12 août 1944, naquît Hô Hoa Huê, une enfant chétive, très tôt confiée à son grand père Ngyen Van Cao car sa mère désirait continuer la résistance. Soit dit en passant, la mère de notre Maître vit aujourd’hui au côté de sa fille et les élèves la nomme tendrement “la grand mère”.

Revenons au grand père maternel de Madame Hô Hoa Huê. Il est un descendant des officiers Tây Son et comme tout membre de cette organisation il est un expert dans les arts martiaux. Dès l’âge de 5 ans, la fillette, qui montre déjà des dispositions, est initiée par son grand père aux diverses techniques Tây Son ; coup de pieds, esquive, bâton, sabre. En 1954, le grand père, sentant sa fin toute proche confie sa petite fille à un de ses disciples, M Pham Dông.

Cet homme est un militaire de carrière et aussi un expert Tây Son. Il emmène la petite fille vivre dans une caserne et entre deux opérations militaires lui enseigne son art. En 1954, Hô Hoa Huê a été acceptée comme disciple par le très célèbre Maître Tu Thiên – Hô Van Lanh qui pratiquait le style de Ba Tra Tan Khanh et qui était plusieurs fois champions du Vietnam et aussi organisateur de rencontres en combat libre.

Qui est Ba Tra Tan Khanh ? Littéralement la traduction signifie “Madame Thé de Tân Khanh”. C’était une femme qui vendait du thé sur le marché de Tân Khanh vers la fin du XIXème siècle. Elle a été reconnue comme une grande experte martiale et avait eu plusieurs disciples mais nul ne savait d’où elle venait et qu’elle était l’origine de son art de combat. En tout cas elle était très respectée des maîtres de l’époque et de nos jours son style Ba Tra Tan Khanh est très répandu et très connu au Vietnam. C’est en 1959, que la jeune Hô Hoa Huê se lance dans les combats de ring ouverts aux femmes. Elle participera à 9 combats officiels en boxe libre.
Par boxe libre il faut entendre combat sans aucun interdit. Ses résultats sont impressionnants : un match nul, une défaite et 7 victoires dont plusieurs avant la limite.

La Maître avoue aujourd’hui que c’est surtout grâce à son sens de l’esquive et à des coups de pied rapides qu’elle a obtenu ses victoires. Parallèlement à sa pratique martiale, pour gagner sa vie, la jeune disciple vendait des bombons sur le marché. Décidément, les marchés vietnamiens recèlent de grands maître d’arts martiaux. Ne trouvant plus de partenaires à sa taille dans les combats sans règles, son maître l’inscrivit à des combats en boxe anglaise où elle remporta de nombreuses victoires.
Après cette période dédiée aux combats, la jeune femme se retira du monde des arts martiaux pour fonder sa famille en épousant l’homme de sa vie. C’est en 1974, que Hô Hoa Huê réapparaît devant le conseil des Maîtres pour demander avec l’appui de son maître Tu Thiên Hô Van Lanh l’autorisation de fonder sa propre école à Saïgon, école qui porte le nom de Tinh Vo Dao.


Interdits après la chute du sud Vietnam, les écoles d’arts martiaux ré-ouvrent leur porte dans les années 80, et dans les années 90 la Maître reprend la compétition malgré son âge lors de championnats techniques où elle remporte un palmarès prestigieux ;

  • 1996 : médaille d’or à la coupe nationale se déroulant à Phu Yen dans la catégorie Quyen à mains nues et dans la catégorie mixte des armes Binh Khi.
  • 1997 : médaille d’or à la coupe nationale à Quang Ngai dans la catégorie mixte des armes (prestation à la hallebarde Dai Dao).
  • 1998 : Coupe nationale se déroulant à Gia Lai ; médaille d’or en individuel et en équipe.

A présent se sont surtout ses plus proches disciples Han et Thien qui remportent des titres et des médailles tout à l’honneur du style de leur Maître.
L’école Tinh Vo Dao n’est pas seulement connue pour son efficacité martiale et ses victoires en compétition mais elle est réputée surtout pour la générosité et l’humanité de sa fondatrice. En effet, la maître parraine un orphelinat à Saïgon et elle sillonne les rue de la ville pour récupérer des gamins abandonnés, ceux que les vietnamiens nomment les Bui Doi (les poussières de vie).

A ces orphelins elle leur trouve un toit, des repas quotidiens, de quoi s’habiller et tente de leur donner une formation pour qu’ils aient un travail plus tard. L’orphelinat se situe au abord d’une pagode bouddhiste et ce qui m’a choqué lors de ma première visite c’est le contraste qui existe entre la pagode (qui vit de dons) ; lieu de culte flamboyant, neuf et propre alors que l’orphelinat est composé de vieux baraquements issus de la guerre du Vietnam dans lesquels les gamins dorment sur des lits de camps. Comme quoi, la compassion bouddhiste n’est parfois qu’une belle parole ! C’est un ancien instituteur qui s’occupe des enfants en tant qu’enseignant (imaginez un instituteur pour cent élèves) et père de substitution.

Notre association participe à cette œuvre généreuse et les ceintures noires de notre école qui ne versent plus de cotisations peuvent contribuer d’une manière financière à aider ces enfants. Ainsi en juillet 2003, Mr Tran Hop Anh, un de nos membres a ramené à l’orphelinat une somme important ce qui a permis d’acheter sur place des cahiers scolaires et des Vo Phuc (kimono).
Pourquoi des Vo Phuc ? Deux fois par semaine la Maître vient donner des cours d’arts martiaux aux jeunes pensionnaires. Quant aux enfants pauvres s’inscrivant dans son école, ils ne payent pas de cotisations et obtiennent un Vo Phuc gratuit au bout de trois mois.

Il est vrai que la maître est en même temps une femme d’affaire qui gère plusieurs bijouteries à Saïgon c’est à dire une personne richissime par rapport au reste de la population vietnamienne. On peut dire qu’elle met en pratique la devise des arts martiaux vietnamiens ; “être fort pour être utile”.

L’œuvre charitable de la Maître ne s’arrête pas là. Le système des retraites n’existe pas dans la République socialiste vietnamienne et nombreux sont les vieux maîtres d’arts martiaux qui vivent dans la pauvreté. La maître leur apporte son aide financière à ces hommes qui ont été ces idoles et des modèles dans sa jeunesse. Voici ce qu’elle a dit à ce propos lors d’une émission de télévision : “Ce que je fais, n’importe quel autre être humain l’aurait fait. Pourquoi j’interviens la plupart du temps dans le milieu des arts martiaux ? Tout simplement parce que je n’ai pas les moyens de m’occuper de toute la misère humaine. D’autre part en m’occupant de ces vieux maîtres respectables, j’ai un peu l’impression de m’occuper de mes maîtres à moi…” Passons à présent à la partie plus théorique et martiale du style de Maître Hô Hoa Huê.

Voici ce que dit, elle même, la Maître, au sujet de son école :
“Je n’ai pas donné à mon école le nom de Ba Tra Tan Khanh, parce que mon style rassemble plusieurs techniques : celles de Tây Son, celles de Ba Tra, celles de maître Tu Thien et celle de la boxe anglaise. Mais au-delà du nom, tous les Maîtres qui m’ont formé sont tous présents dans ma mémoire et dans celle de mes élèves”.

Ainsi donc le Tinh Vo Dao appartient aux écoles que l’on nomme traditionnelles c’est à dire Vo Co Truyen. La Maître vient régulièrement en Europe dispenser son enseignement en donnant des stages où j’espère vous serez nombreux à venir pour rencontrer un style et surtout une femme de cœur.

Technique Thin Vo Dao